Oui, à priori, le canon est une des formes les plus simples de contrepoint, et sa forme la plus aboutie réside dans l'art de la fugue. Ethymologiquement, le contrepoint signifie "note contre note". Si la verticalité harmonique est constituée d'un accord entre les notes, le contrepoint, lui, naît des éléments de "désaccord" entre celles-ci. Ces "désaccords" sont principalement constitués d'une relation rythmique complexe, et de la dissonnance. Deux parties supperposées ne seront pas indépendantes (car on les construit quand même l'une par rapport à l'autre, que ce soit pour se contredire ou se répondre), mais inscrites dans une évolution mélodique qui oriente vers l'écoute horizontale.
Je pense que le but principal d'une écriture en contrepoint est de conduire au suivi auditif du timbre : mettant ainsi en valeur la gamme, l'orchestration et la tonalité. Au XXè siècle on va utiliser ce type d'écriture pour superposer des tonalistés différentes, ou pour faire des mélodies de timbre par exemple.
En Architecture, le contrepoint c'est la réponse et la conpensation des éléments entre eux...cette conception là du contrepoint est très intéressante puiqu'elle amène à la visualisation de la forme globale d'une fugue : un sujet et une réponse...qui possèdent tout deux les caractères répulsifs dont j'ai parlé plus haut.. c'est donc à ne pas confondre avec le système de question/réponse classique qui repose sur des attractions.
Si vous écoutez une fugue en essayant de suivre les mélodies une par une, vous allez constater qu'elles ont surtout une constitution rythmique propre très différente de sa voisine. Maintenant, il appartient au génie des compositeurs comme Bach de suggérer l'harmonie (au moins 3 sons) par le truchement de deux voix qui se contrarient, "dissonnent sur des points" (donc des contre points), semblent vivre leur vie d'une façon effrontée mais finalement atteignent le paradoxe de la concorde.
Je tiens à signaler, après cette tartine, que le contrepoint est un des procédés musicaux extrêment compliqué à expliquer et encore bien plus difficile à comprendre pour celui qui ne sais pas lire les cryptogrammes musicaux...
Sincèrement, je pense qu'il n'y a qu'en prenant une partition et en remarquant que le dessin des deux voix rattachées par une accolade apparaît comme divergeant (alors qu'il est simultané) qu'on peut déjà saisir en quoi le contrepoint est tout d'abord une histoire de rythme. Après pour les hauteurs, la dissonnance est une notion qui a été relativisée par le XXè siècle alors il est très difficile qu'elles nous apparaissent maintenant comme extraordinaires...elles sont tellement bien écrites qu'elles échappent à notre captation.
Conclusion, une bonne cure de Bach s'impose !