Je ne vais pas me faire des amis, mais la musique atonale instrumentale, orchestrale ou pire, vocale, m'est tout simplement insupportable. Le pire exemple que je connaisse est "Nuits" de Xenakis. En revanche, le même Xenakis a composé les fabuleux "Diamorphoses" et "Orient-Occident". Quelle découverte de nouvelles sonorités !!! Pierre Henry et surtout Pierre Schaeffer, quels talents ! "Orient-Occident" fut le premier morceau contemporain que j'ai entendu et il est vrai que j'avais 11 ans. Mais ce fut une véritable fascination, intacte à ce jour. Par la suite, j'ai découvert François Bayle, avec "Jeîta", d'abord, avec "Vapeur" ensuite. Extraordinaire morceau que "Vapeur" ! Ensuite, Ivo Malec, avec l'album "3L", composé de "Luminétudes", "Lumina" et "Lied". Là encore, où Malec ne voit qu'une "rapide étude en noir et blanc", je vois en "Luminétudes" le morceau le plus coloré de l'album : que de couleurs sonores inconnues, la puissance du montage sonore, c'est fascinant ! Dans "Lumina", ce ne sont déjà plus que de courts extraits diffusés en même temps qu'une oeuvre atonale pour cordes, et enfin, ce qui est censé être le couronnement, "Lied", au sujet duquel je préfère m'abstenir de tout commentaire. Mais du même Malec, j'ai entendu sur le vinyl paru chez BAM le superbe "Reflets", où le compositeur joue avec les réverbérations tantôt en les laissant s'accomplir, tantôt en les coupant, toujours via le montage. Quelle ne fut pas ma déception d'entendre la même oeuvre sur un CD de l'INA, complètement noyée de réverbération, ce qui gommait toutes ces audaces.
BREF ! Je suis donc toujours fasciné par ces oeuvres, et si j'ai une chose à regretter, c'est que ces compositeurs se soient toujours montrés si avares de détails quant à l'origine des sons utilisés. Qu'on ne se focalise pas dessus, bien sûr, à 11 ans déjà, j'étais de cet avis, mais de grâce, pourquoi, à terme, ne peut-on en savoir plus ? Avec quelle frustration je regardais les photos floues du studio Apsome où l'on ne voyait émerger çà et là que l'un ou l'autre curseur ou potentiomètre... alors qu'au même moment, même pour la musique contemporaine atonale, aucun détail technique n'était épargné au public dès lors qu'elle était interprétée avec des instruments classiques traditionnels...